En 2018, Sarah Jane Sauvegrain et François Wastiaux ont décidé de mettre en commun leurs expériences respectives. Elle, jeune diplômée du CNSAD, a joué des rôles remarqués. Lui a monté un certain nombre de spectacles en prise avec le monde d’aujourd’hui. Le néo-tandem a reçu son baptême du feu au Théâtre National de Strasbourg et à Théâtre Ouvert avec Sur/exposition d’Aurore Jacob en 2018 ainsi qu’au Centre Culturel Suisse avec Faites comme chez nous de Nalini Menemka.
Gaspard & Cie est né de ce redoublement en un centre de gravité unique, de deux âges, genres, identités, recherchant la maîtrise de sa fusion artistique. Sa double manifestation : spectaculaire ou pédagogique. Sa vocation : la transmission. Pour le décloisonnement entre acteur, mise en scène et public, contre tous les déterminismes sociaux.
L’exercice du GUEULOIR.
« Je ne sais qu’une phrase est bonne qu’après l’avoir fait passer par mon gueuloir », Gustave Flaubert.
« J’ai longtemps pensé que lire à voix haute, c’était vérifier et stabiliser la ponctuation, le rythme, cadencer le texte. Plus je le fais et plus je me rends compte qu’il s’agit complètement d’autre chose. Je crois que je le lis pour qu’il existe. Tant que je ne l’ai pas lu, finalement, il n’existe pas. Le dire, c’est comme le faire naître et c’est une façon d’inscrire la lecture dans l’écriture. Donc, je le lis et finalement, il existe. Je l’ai entendu, j’en ai une espèce d’empreinte sonore. J’ai l’impression de le faire naître et que de cette manière-là, effectivement, je peux y croire un peu. » Maylis de Kerangal
Depuis Flaubert et pour beaucoup d’autres auteurs la lecture à voix haute passe l’écriture au « peigne fin ». Éprouver l’écriture dans un espace vide. Gaspard & Cie prépare deux projets : une adaptation du roman En Guerre de François Begaudeau et un texte : Oui Oui, je sais, écrit à quatre mains entre François Wastiaux et Sarah Jane Sauvegrain. Aujourd’hui il s’agit pour elleux de redécouvrir ces deux textes pour en connaître toutes les failles et les atouts, dans un processus qui passe par la distance et le partage : ne plus se lire, mais s’entendre, et s’entendre dire par d’autres que par soi, convier des interprètes à s’emparer de ces textes dans un espace vide et s’emparer de ce qui adviendra spontanément de leur implication, afin de laisser naître, sans idée préconçue, ce qui donnera lieu sans doute à une nouvelle version de ces textes.