Dans les années 1870, la famille Raspail construit une usine pour commercialiser des recherches pharmaceutiques et produire des liqueurs aux vertus digestives.
Homme politique très actif mais également médecin populaire, François Vincent Raspail dispensait des soins gratuits et militait pour l’égalité sociale. Il travaillait sur ses liqueurs dites « hygièniques » depuis 1840, produites rue du Temple à Paris, dans un premier temps puis à Arcueil. La renommée de la liqueur hygiénique de dessert qui y est mise au point est à l’époque considérable.
La maison de François Vincent Raspail, classée également aux monuments historiques, juxtaposant l’usine est construite à partir de 1856 par son fils Emile Raspail qui est conseiller municipal d’Arcueil à partir de 1870. Il en devient le maire de 1878. Son mandat est marqué par de nombreuses réalisations scolaires et sociales et la construction du nouvel hôtel de ville.L’usine y est construite à cette époque.
Les ouvriers de l’usine logeaient à proximité dans le quartier Laplace / Vache Noire et l’usine se partageait en deux parcelles, l’une de chaque côté de la rue (actuellement Avenue Laplace et Avenue Lénine).
Au décès d’Emile Raspail en 1887, ses frères Benjamin et Xavier, puis son petit-fils, Julien, ont repris l’affaire pour un temps. À partir de 1930, ce sont les établissements hollandais Erven Lucas Bols, qui occupent les locaux et reprennent la production. La maison Bols est fondée en 1575 par la famille Bols aux Pays – Bas et constitue la plus vieille marque d’alcool au monde. Dans la petite distillerie des faubourgs d’Amsterdam, la famille Bols commence par fabriquer des liqueurs. Trois parfums sont alors disponibles : le cumin, la cardamome et l’orange. Mais le petit-fils des fondateurs voit plus grand. Lucas Bols, actionnaire de la compagnie des Indes orientales, importe de nouvelles épices. Trois cents nouvelles recettes de liqueur et de genièvre sont ainsi commercialisées dans le monde entier dès le début du XVIIIème siècle. La « liqueur Raspail » vient agrandir leur palmarès.
La fabrique s’est ensuite transformée en distillerie. produisant de l’anisette sous la direction des Frères Gras (Societé Métropolitaine Gras Frères) à partir de 1962. Depuis 1872, c’est à Alger que les frères GRAS commercialisaient l’anisette élaborée dans leur famille depuis des générations selon une recette unique à base d’anis étoilé (badiane), dépourvue de tout colorant ou additif. Très vite elle connut les faveurs des deux côtés de la méditerranée et suite à l’indépendance de l’Algérie la société est transférée en métropole. Historique et authentique l’Anisette des Frères Gras, Floranis (appelée également l’Anis Gras), garde encore aujourd’hui sa bouteille originale avec une étiquette blanche et bleu turquoise arborant ses nombreuses médailles.
La façade garde la marque peinte de la boisson Anis Gras en blanc. Ils occupent les lieux jusqu’aux années 1990.
En 1994, la ville d’Arcueil fait acquisition du lieu, dans un premier temps pour des ouvertures ponctuelles par différentes associations locales. Depuis 2005, l’Association Ecarts occupe les lieux rénovés avec ses activités culturelles de résidence artistique et de transmission ouvertes à tous.
La grande salle a conservé sa charpente métallique de 1856, L’orangerie et le pavillon, en moellons enduits, datent des années 1860. Les différents corps de bâtiment sont en brique et pierre, couverts de tuiles mécaniques formant des toitures à cheminées. Certains d’entre eux ont un étage carré et un étage de comble avec lucarnes. La mise en œuvre des matériaux est très soignée. L’ancien magasin de vente est précédé d’une marquise qui dispose encore d’une verrière d’époque (années 1880). Il se pourrait que Ulysse Gravigny soit l’architecte de l’ensemble des bâtiments, vu la proximité esthétique avec d’autres maîtrises d’ouvrages qu’il a effectué dans la ville à la même époque.
Le site s’inscrit à l’Inventaire général du Patrimoine Culturel Français par le Ministère de la Culture et de la Communication, en tant que monument historique. Tous les détails à propos du bâtiment sur: ICI