Deux mains disent TarkosCie Sidérurgie Esthétique

Entre Nathalie Milon et Christophe Tarkos, il y a une correspondance inattendue. Hasard de l’obscure histoire des corps, Nathalie ne voit pas. Elle a du monde une approche étonnée, une façon d’être aux aguets. Tarkos aussi est aux aguets quand il détaille le monstrueux bordel du corps, avec une précision et une autorité qui creusent un écart identique à celui que les mains de Nathalie imposent quand elles lisent.
Il y a du gros plan dans l’écriture de Tarkos où chaque chose nommée se montre effroyable d’être si concrète, si tangible. Les doigts de Nathalie, et parfois son corps entier, vont chercher les mots sur les points saillants du braille.
Elle est dans l’espace, toutes antennes ouvertes par nécessité, un corps en équilibre dans le monde, les mots de Tarkos le font tenir debout. La parole piste quelque chose qui s’échappe – le mot ou un paquet de mots, un sens, des sens perdus oubliés – il faut doucement mettre la main dessus sans en avoir l’air, mais ne jamais lâcher l’affaire. C’est une entreprise de folie pour faire péter la gangue dans laquelle les mots sont pris et dire autre chose que ce que les rapports sociaux, les rapports de pouvoir ont collé.
On est invité dans la folie. On s’y laisse aller. La vie est magique. C’est bien.

Distribution

Avec Nathalie Milon
Scénographie et lumière : Thierry Grapotte
Conception : Claudine Hunault, Nathalie Milon
Mise en scène : Claudine Hunault, d’après Christophe Tarkos

Soutiens : Département du Val-de-Marne, Festival les Échappées, Anis Gras – le lieu de l’Autre