L’Autre RiveThéâtre et Compagnie de Malakoff

Comme tous les vendredi soir, Claire et Eric se retrouvent dans ce sempiternel bistro ; entre eux c’est l’usure, ou la fin d’un amour annoncé ; au cours de ce dîner la brèche entre eux ne cesse de s’ouvrir, ils ne communiquent plus : de l’entrée au dessert : burlesques dans leur détresse, leur agressivité, indifférence, frustration, déni, ils n’ont plus dès lors, comme bouffées d’oxygène que leurs pensées et rêveries sous forme « d’échappées belles » : et si, ces « échappées belles » prenaient corps et que CLAIRE et ERIC s’y rejoignaient sous la forme de ELLE et LUI, mêmes personnages, simplement dédoublés, alors, échappant ainsi à cette mort prématurée, sous nos yeux, s’autorisaient à ce qu’il pourraient être et faire ; à oser l’inosable : à s’aimer eux-mêmes. En réalité le courage leur manque cruellement.

Vont-ils réussir à ne plus rêver leurs vies ?

Cette pièce est pour l’auteur, le metteur en scène, les interprètes, l’équipe technique

et toutes les personnes participant à ce spectacle, l’occasion de traiter d’un sujet qui peut tenir à cœur : apprendre à s’aimer. Ce qui, sans prétention aucune, trouverait une place de choix dans nos sociétés et peut-être s’inscrirait-il favorablement dans l’élaboration de l’éducation, du

civisme, du respect de l’autre, du travail, du sport, des arts, et, partenaire de la morale en

adoucirait-il la rigidité, et, cet :« apprendre à s’aimer » servirait-il à bien des égards et dans

de très nombreux domaines, pour ne pas dire tous, de lien et de ciment. Ce spectacle peut

donner lieu à des projets de médiation avec des publics bien différents et de tous âges.
– Alain Fourès

Note de l’Auteur

Un soir, perdu, autour d’un verre, je m’épanchais auprès d’une âme charitable et lui confiais les méandres d’une relation maritale au déclin inéluctable et, c’est au cours du deuxième ou troisième verre qu’est née, car il s’agit bien d’une naissance, l’idée de donner vie aux pensées fugitives de deux malheureux époux ; alors, J’ai choisi de traiter ce sujet : l’Amour, car ce sont les thèmes éternels qui sont les plus durables. Le tout était, après un long travail d’enfouissement de cet amour entre deux êtres, de la perte de leur liberté, de leur intuition, de leur émotion, de créer un passage. Et le choix, de dédoubler ces deux personnages m’a permis de donner corps à leurs pensées, à leurs rêveries et d’oser se dire que le seul divorce à ne pas prononcer est celui d’avec soi-même et peut-être permettre ainsi la grande retrouvaille, du partage de l’amour de soi tant laissé pour compte ou mal perçu ?

Mon intention est de ne surtout pas appuyer là où cela pourrait être sérieux : entraîner ce sujet vers le burlesque et la joie sera l’idéal : rire sur l’amour afin de le garder bien vivant et léger ; et la poésie, s’il y en a, s’invitera d’elle-même.

Alain Fourès

Note du metteur en scène

L’autre rive est une pièce actuelle sur un homme et une femme mais avant tout sur deux êtres humains qui ne se comprennent plus ou ne veulent plus se comprendre.
La première lecture de cette pièce ma évoqué deux personnes perdues dans ce qu’ils appellent l’amour.
Un couple qui s’écarte de l’essentiel, à la recherche d’un mode d’emploi, facile et sans effort.
L’amour se meurt au-dessus de Claire et d’Éric puis s’échoue près d’Elle et Lui, il est impalpable et c’est pourtant lui que je veux montrer le plus clairement possible sous toutes ses formes.
Comment un être familier peut devenir un étranger au fil du temps ? Comme si une relation allait dans le sens inverse. J’ai l’impression que nous ne saisissons pas comment deux personnes peuvent « en arriver là » avant d’y être nous-mêmes. Personne ne veut souffrir mais tout le monde veut de l’amour.
Je chercherais avec les acteurs et les spectateurs, à ce que chacun se retrouve et s’aime un peu plus.
Claire et Éric sont des personnages forts, inscrits dans une écriture énigmatique. Ils ne demandent qu’à s’en sortir mais sont rempli d’un égoïsme généré par la peur. Elle et Lui sont au contraire dénués d’angoisse et de méchanceté, ce sont deux êtres purs, émanant de leur esprit; des voix intérieurs qui sont en chacun de nous.
Je laisserai Rimbaud finir cette note : « Je est un autre »

Félix Fourès

 

Distribution

Texte : Alain Fourès
Mise en scène : Félix Fourès
Avec : Alain Fourès, Félix Fourès, Fabienne Vette
Musicien : Mauro Tallarico
Régie générale : Jean-Baptiste Debost
L’équipe adresse un grand merci à Sheila O’Connor