Espace / Lumière / Musique

« L’artiste doit être capable d’ouvrir ou, de desserrer les valves de la sensation et ainsi renvoyer plus violemment le spectateur à la vie » Francis Bacon

Le lieu représente le théâtre. Le lieu de la répétition et de la représentation. Lieu qui devient, grâce à la lumière, aux éléments de décors, à la musique, grâce aux voix des acteurs, le lieu de l’expérience, du spectacle en devenir. L’espace a besoin de cet aspect inachevé pour laisser l’esprit imager, l’imaginaire circuler. Le spectateur laisse alors l’espace figurer ou défigurer, le sens prendre et se déprendre. Nina n’est pas Alice, mais c’est pareil. Elle aussi passe de l’autre côté. Remontant le fleuve de sa psyché, elle libère des fantômes, réveille des terreurs. Émergent alors des bouts de vies, d’histoires, d’images, données comme les pièces d’un puzzle et que chacun pourra réordonner. L’éclairage créé l’espace. Il est lieu de la répétition et de la représentation, mais il peut aussi être hôpital, cabinet, loge d’artistes, salle d’interrogatoire, espace mental. Nous pouvons être à Paris, à Pékin, à Berlin. Le théâtre est magique. Une phrase, un son, une lumière et un monde apparaît. Musicien et créateur lumière inventent une cartographie, imposent une temporalité, un mouvement. Ils offrent des lignes de fuites, des agrégats de sens, des possibilités de jeu. Eux aussi créent une perte de repères ou au contraire aident à se repérer. Neige et brouillard aussi sont là. Créant des atmosphères, inventant d’autres espaces. Celui du conte ou celui de l’attentat. Ainsi la sensation circule. Existe un va-et-vient entre ce qui est vu, entendu et ce qui est éprouvé. Entre ceux qui jouent et ceux qui regardent. Avec Nina, acteurs et spectateurs œuvrent ensemble.

Texte, mise en scène : Jean-Paul Rouvrais
Jeu : Alice Carel, Marc Prin, Cyril Hériard Dubreuil, Christian Huitorel
Scénographie, costumes : Léa Guerchounow, Jean-Paul Rouvrais
Lumière, vidéo : Antoine Gautier
Création sonore : Jean Galmiche